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Horizons médiatiques, édition Amérique du Nord. Mylène Hassany.
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1 février 2012

« Occupy Wall Street »: comment Internet a remplacé les grands médias américains

Les Indignés de Wall Street et leur slogan récurrent « We are the 99 % », vous en avez entendu parler pendant des mois. Que vous les ayez soutenus ou pas, vous en avez sûrement débattu, avez noté l'ampleur du mouvement et son côté novateur. Vous êtes certainement indignés en voyant les violences policières contre les manifestants et les journalistes. Si en Europe, l'information a été relayée et le mouvement suivi par les médias, il n'en a pas été de même pour les États-Unis. Les grands médias nationaux, tous genres confondus, ont mis du temps à s'intéresser aux Indignés, alors même que le mouvement prenait une ampleur conséquente sur Internet. Face à ce silence assourdissant, l'information s'est naturellement faite via le Web... et a amplifié le mouvement.

 Quand les médias américains ferment les yeux

 Né le 17 septembre 2011 sur un appel des Anonymous et de la fondation Adbusters, le mouvement des Indignés s'est propagé très rapidement aux États-Unis où l'on a vu des manifestations et des sittings dans une centaine de grandes villes. Un mot d'ordre: « We are the 99% », rapport au 1% de la population qui détient un tiers de la richesse américaine. Une stratégie: la communication. Une arme redoutable: Internet. Un moyen efficace pour diffuser d'un message d'une telle ampleur, quand ABC, CNN, The New York Times et Fox News (qui appartient au réseau du grand gourou de la télévision et du conservatisme américain Rupert Murdoch) brillaient par leur silence. « Black out », c'est le nom qui a été donné par les Indignés à cette cécité délibérée des grands médias nationaux.

Dans la protestation générale, on a vu naître une nouvelle revendication: que les médias tournent enfin la tête vers la révolution qui avait lieu dans leur pays. Que les journalistes de Fox News, de CNN ou du New York Times, descendent de leur tour et ouvrent les yeux sur ce qu'il se passe à quelques stations de métro de la 8ème avenue (où se trouve le gratte-ciel du New-York Times). Ainsi, dans les manifestations, voici ce qu'on pouvait lire sur quelques pancartes:

 « Les médias ne disent rien de ce qu'il se passe ici, alors je suis venu voir par moi-même »

 « Silence médiatique sur la révolution globale. Tapez Occupy Wall Street et Occupy London Stock Exchange sur Google. C’est en train de se passer dans les villes du monde entier […] »

 « N’importe quel dictateur admirerait l’uniformité et la soumission des médias des États-Unis »

 « Ne faites pas confiance à l'industrie des médias »                                                


Le Web en colère

 Parallèlement, une vague de protestation a eu lieu sur le Web, où les médias américains étaient tournés en ridicule:

 A gauche: « Cela n'a pas lieu »

A droite: « Si ce n'est pas rapporté par le NY Times, WAPO, The Three Networks, ou CNN, ça ne mérite pas d'être su. »


 

 

En novembre 2011, le Time américain avait une couverture bien différente que les versions européenne, asiatique et océanienne.

 

 

De manière moins humoristique, des sites comme the Occupied Wall Street Journal, qui se présente comme le média indépendant du mouvement Occupy Wall Street, dénonçaient le fonctionnement des grands médias, l'assimilant même à de la prostitution. Suite à cela, s'est créé un panel de sites indépendants et militants, dans le but d'informer en continu sur les avancées du mouvement et les évènements.

 La révolution, le Web et les nouveaux médias

 Le mouvement Occupy Wall Street s'est joué sur le Web. Réseaux sociaux, blogs et pure-players, toutes les formes de nouvelles communications ont été mobilisées pour amplifier et partager le mouvement à échelle mondiale. La sauce a pris. Aux États-Unis, les Indignés se donnaient rendez-vous via les réseaux sociaux, partageaient leurs rêves de monde meilleur et leurs idées sur les blogs et suivaient l'avancée du mouvement sur des pures players. Certains ont été créés pour l'occasion: le site Global Revolution, exemple typique de Rich Media, proposait de suivre 24 heures sur 24 en live streaming les évènements, comme la spectaculaire manifestation du 17 septembre 2011 à New York. Le jour où le mouvement est né.

 Autre innovation liée au mouvement, le site Global Square, qui permet de visualiser une carte interactive du monde où se trouvent les mouvements. Uniquement sur invitation, rappelant le modèle Wikileaks, il offre des rubriques plus classiques comme un forum, une messagerie. Il donne des informations sur les mouvements et happenings près de chez soi. Vidéos, montages, Rich Medias... Si elle n'est pas oubliée par le peuple qui ne la lui pardonne pas, l'auto-censure des médias nationaux est vite devenue inutile.

 Maïwenn Sourzac, étudiante en master d'information-communication à l'Icom de Lyon II, fait son mémoire de recherche sur l'« Hacktivisme » et les nouvelles libertés d'expression. Elle s'intéresse de près à la lutte pour la liberté d'internet. D'après elle, l'avantage des sites d'information est qu'ils n'ont pas de contrainte de place, sont moins sujets à la censure et ont une ligne éditoriale plus légère. Quand un mouvement devient politique et se heurte à la censure, le Web permet une plus grande liberté d'expression et est efficace par son côté fédérateur.

 Pourquoi cette impression que le mouvement est né, s'est propagé, et a survécu avec le Web?

 « La plupart des mouvements se sont planifiés sur internet, via différents réseaux sociaux. Ils naissent d'échange entre les individus ayant plus ou moins la même idéologie, ou du moins façon de penser vis à vis de la société, et se retrouvant sur le nouvel Espace Public que cette dernière leur propose. L'élément important est la suivie des événements, la multitude de rapports postés en ligne par les individus ; que ce soit des articles de blog, ou différents messages sur les réseaux sociaux, et l'engrenage que cela implique car il y a cette religion du partage de l'information, quelle qu'elle soit. Cela permet au mouvement de s'amplifier. »

 On peut parler d'une révolution qui s'est faite sur deux terrains: la rue et le web. Alors que le web se dotait de nouvelles fonctionnalités pour répondre au mépris des grands médias, les Indignés dans la rue voyaient leurs rangs grossir à mesure que la communication prenait de l'essor. Des mouvements protestataires qui n'auraient pas eu la même résonance sans cette double révolution. Un terme à comprendre dans les deux sens. Le média a relayé l'information autant qu'il l'a créée.

De quoi ouvrir les yeux sur l'avenir du journalisme américain et de la presse traditionnelle. Et confirmer ce slogan « Informez-vous, Éteignez votre télé ».

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